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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 09:40

 

Je ne veux plus un une des

je veux le la les

dire et voir et toucher

éprouver sans les mots

puis les dire les écrire

le la les enfin

être enfin

voir enfin

      et sentir

      et ouvrir

tout sortir

mais sortir en dedans

tout voir à l'intérieur

être

le la les

être être être

et crier en silence

 

***

 

Le dernier mot est silence parce que là est la tension. Dire, c'est enfermer le sentiment, le donner pour acquis, compris, fermé. Dire, c'est refuser le silence. Pourtant seul le silence est vrai. C'est ce vers quoi je reviens, toujours. 

Des amis peuvent recevoir ce que l'on a à dire. Mais ils chercheront souvent à le comprendre, et voudront dire quelque chose en retour. Pour montrer qu'ils ont compris, ou simplement montrer qu'ils s'intéressent. A ce qui est dit, peut-être, à qui le dit, surtout.

Ecrire peut être la réponse. Ecrire, c'est dire, mais à soi-même d'abord, aux autres ensuite mais sans s'exposer à un retour immédiat. La lecture peut susciter une parole, mais différée. Dans la différance (sic) est la réflexion, le recul. Et si la réponse vient jusqu'à moi, ce sera encore par écrit, avec pour moi la même possibilité de différance. Lire, écrire, donnent le temps d'assimiler. 

En écrivant je ne cherche pas un retour. Le retour est jugement. Il est échange aussi, mais ce que j'écris est intérieur. C'est un exercice sur moi-même, pas encore un échange. L'échange est interférence. L'autre interfère. Je préfère qu'il n'interfère qu'après, quand c'est écrit. Quand le sentiment ne peut plus être brouillé.


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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 09:44

 

Il est une fleur

               à la beauté immense

        mais fragile, si fragile

Que si l'on tente de l'approcher,

                          de la toucher,

Aussitôt elle se ferme

et cèle sa beauté.

 

Il est un oiseau

               au chant bouleversant

        mais sensible, si sensible

Que si l'on tente de l'approcher,

        si l'on trouble sa sérénité,

Aussitôt il se tait

et renonce à chanter.

 

Il est un lac de montagne

               aux reflets si touchants

Que j'ai voulu m'en approcher.

Mais aussitôt il s'est troublé

et ses reflets m'a refusé.

 

C'est ainsi que je suis,

chantant mais si prudent

Que je ne puis chanter, m'épanouir et briller

Que si vous me laissez

                                                      à ma sérénité.

 

TLP

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 08:45

 

Bruits bruissements folie

Chansons de vieilles femmes décaties

                                         ridées

                             asséchées

Trop plein d'une source tarie

Bruits cris, folie !

              Sirènes, Harpies

        griffes et serres assorties

Qui traquent, harcèlent, amoncellent

Bruits blessants, cris assourdissants

Bruits qui blessent l'enfant

Qui déchirent en dedans

Assourdissants vacarmes

Qui piétinent les larmes

Furie égocentrique

Déni de sentiments !

Silence, enfin, silence !

Qu'on puisse entendre aussi

L'enfant blessé qui pleure.

 

TLP

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 11:43

 

J'ai passé, bonheur léger,

     infime et particulier,

J'ai passé toute une nuit

Auprès de ma belle

                                 endormie.

 

De ton souffle, mon amie,

     Ta chaleur inapaisée,

De ton corps et de tes rêves

Tu m'as laissé m'enivrer.

 

O la lune émerveillée

     pâles rayons égarés

Sur sa peau abandonnés !

Auprès de ma belle

                                 endormie

J'ai passé toute une nuit.

 

L'orbe parfait de ton sein

La finesse de tes mains

Les mouvements intimes

Que ton âme y dessine

Jusqu'aux larmes

                         M'ont ému

 

J'ai voulu, le croiras-tu ?

J'ai voulu te réveiller.

Ces trésors abandonnés

     dans notre temple exposés

Je voulais, le croirais-tu ?

Je voulais les profaner !

 

O la lune émerveillée

     pâles rayons effarés !

Auprès de ma belle

                                 endormie

J'ai veillé toute la nuit.

 

Tu ne connaîtras jamais,

     Mon amie, mon endormie,

Le désir et la douceur

Et l'offrande de ton coeur

Tu ne connaîtras jamais,

     Mon aimée, belle adorée,

Le plaisir et la douleur

Que tu fais naître en mon coeur.

 

Toute la nuit j'ai contemplé

Le corps de ma belle

                                   endormie.

O la lune émerveillée

     au matin nous as laissés.

Et enfin, mon endormie,

     dans ta chaleur apaisée,

Mon endormie, j'ai rapproché

Nos deux âmes esseulées.

 

TLP

 

 

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 18:05

 

Sur les routes du Vieux Sud,

On croise des arbres centenaires.

Le vent joue avec leurs barbes,

     vieilles barbes espagnoles,

Puis s'élance dans les champs

Et réveille de vieux accents.

A l'ombre des pendus

Les larmes ancestrales se sont-elles tues ?

 

 

Dans le Vieux Sud,

On entend encore

Des négros

     spirituels

On entend le chant des peines

Sur de vieux instruments

 

 

On entend les pleurs des mères

Dont on étrangle les enfants

Et l'appel déchirant des pères

Qui survivent à leurs fils.

On entend les révoltés

Qui n'ont pas encore de rêve.

On entend le cri des chaînes

Et la douleur des filles déchirées.

 

 

Dans le Vieux Sud,

On entend encore

Des négros

     spirituels

On entend le chant des peines

Sur de vieux instruments

  

  

Entendez-vous cette clameur ?

Ce sont les pleurs des frères

     Qui ont tué leurs frères.

Leurs os ont nourri la terre

Dans la haine et la terreur.

Sur les routes du Vieux Sud,

On entend chanter les morts

     sur de vieux instruments.

Ils ont perdu leurs couleurs

Et n'ont plus que leur douleur.

 

 

Dans le Vieux Sud,

On entend encore

Des négros

     spirituels

On entend le chant des peines

Sur de vieux instruments



TLP

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 17:16

 

Vous l'avez libérée

Il vous faut l'écouter.

Voyez-la lacérer

                    mutiler

                       éventrer.

Sa rage jusqu'alors,

Vous l'aviez contenue.

Contrainte de se taire

Elle vivait recluse.

Vous la croyiez éteinte

                  accablée

             disparue.

Et dans votre folie

Vous pensiez, libérée,

Qu'elle irait fatiguée,

A jamais se tairait.

 

     Fous ! Insensés !

La voilà toute belle

                            ravivée

                                éployée

Qui vous poursuit, furieuse,

Et ses cris déchirés

N'iront plus se cacher

Sous les plis du silence.

 

Vous l'avez libérée,

Il vous faut l'écouter

 

TLP

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 16:53

Cri

 

A l'enfant abusé

     Qu'avez-vous donc à dire ?

Croyez-vous que vos larmes

                  vos cris

                et vos soupirs

Lui rendront la douceur

                   l'espoir

                et le sourire

     Que vous avez tués ?

 

Et que croyez-vous faire

En souillant de vos haines

                   vos peurs

                et vos crachats

Son âme démontée

                    sa chair

                et ses désirs ?

 

C'en est déjà assez

De l'avoir condamné

     A vivre sans plaisir,

De lui avoir ôté

Infâmes jusqu'au sang

La noblesse du coeur

     Et l'amour de la vie.

 

Ne pouvez-vous donc voir

     Que c'est pour vous qu'il crie

Et non plus contre vous ?

Ne saurez-vous jamais

     Furieuses Harpies

De vos propres sanies

Reconnaître l'aigreur ?

 

Ne verrez-vous jamais

Par l'horreur aveuglées

Que ce n'est que la peur

Que vous perpétuez ?

 

Infâmes criminelles,

C'est à vous que j'écris !

C'est dans vos yeux crevés

Que je cherche la vie !

Vous me l'avez volée

Ignominieuses pies

A la place de celle

Que l'on vous avait prise.

 

TLP

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 16:04

 

 

Dans une encre de sang

J'ai trempé mes blessures

J'ai voulu de mon âme

Réaliser l'épure

 

 

*************

 

 

- Qu'as-tu fait de tes amis ?

- A distance les ai tenus.

Pour leur cacher mon sang

Et pour leur épargner

De mon âme la vue.

 

 

*************

 

 

Il y a en moi une douleur

Qui jamais ne se tait 

C'est ma soeur, mon amie,

Et ma plus grande haine

 

 

************

 

 

Things have to be done

For one has to be gone

 

 

*************

 

 

I belong to the grave

Since I was a child

 

 

**************

 

 

The more I think

The more I die

 

The more I feel

The more I cry

 

Let me go

Where I have to

 

Let me die

I wanna cry

 

Cryin's livin'

Says my darlin'

 

Cryin's livin'

Says my darlin'

 

 

**************

 

 

I need to watch inside

To be closer to my wounds

 

 

**************

 

 

C'est moi qui veux parler

et non plus écouter

Et je veux qu'on m'écoute

au lieu de me juger

 

 

***************

 

      le gris tonnant dans le ciel toujours obscur

le gris mouvant dans les forts intérieurs

ajouté le 17/11/2013

 

 

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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 03:43

Histoire inachevée
Il y avait un village, dont aucune carte ne donnait l'emplacement ni la route y menant. Dans ce village, un jour, un homme s'installa. Nul ne savait d'où il venait, et nul ne le lui demanda.


En fait, j'ai menti : l'homme ne s'installa pas vraiment. Il passait tout son temps assis devant un arbre près duquel il s'était arrêté le jour de son arrivée. L'arbre surplombait le village, sur le haut d'un versant au pied duquel le village s'étendait. Chacun pouvait voir l'homme assis là, toujours immobile, de jour comme de nuit. La pleine lune arriva, et la forme de l'homme s'y découpa. Sa silhouette si nette et parfaite aurait pu paraître celle d'une statue, si l'on n'avait su, dans tout le village, que c'était un homme arrivé bien des jours plus tôt.

On finit par s'inquiéter. Si cet homme était posé là depuis son arrivée, nul ne l'ayant vu bouger, ni descendre, ni marcher, ni manger, que pouvait-il donc faire ? Les enfants, les premiers, sur le versant s'aventurèrent. Ils n'attendirent pas l'inquiétude des adultes ; ni leurs questions, leurs discours, leurs tergiversations. Ils voulurent voir de quoi, cet homme, il avait l'air. Etait-ce un homme vivant, fait de souffle et de chair ? Ou quelque esprit trompeur, apparu brusquement, n'ayant besoin ni de manger ni de boire, ni de bouger ni de se lever, ni d'un toit ni d'une compagnie ? Pas de chien, pas d'amis, rien de ce qui faisait qu'un être était vivant.

Ils s'approchèrent, tout en jouant, sans malice ni crainte. Ils s'approchèrent, et regardèrent.

L'homme était là, assis au pied de l'arbre, d'où il n'avait pas bougé, d'où du moins nul ne l'avait vu bouger, et où il se tenait, immobile tel une statue, depuis des jours et des jours. Il respirait, cela était certain, sa poitrine se soulevait comme celle d'un être humain. Et ses yeux contemplaient, c'était certain aussi, ils regardaient droit devant eux, fixes, absorbés, mais vivants assurément. Un détail pourtant étonna les enfants : ses yeux, ses yeux qui contemplaient, leurs paupières ne se baissaient jamais. Ils restèrent là, non loin, surpris mais sans méfiance, intrigués tout au plus, à attendre un clignement, un mouvement, ne fût-ce qu'un frémissement sous la peau, au coin d'un oeil, un seul ; ils restèrent là, mais en vain.

 

CDFriedrich


Alors ils retournèrent, et rapportèrent aux adultes ce qu'ils avaient vu. Ils parlèrent de la poitrine de l'homme, qui se soulevait, et de ses yeux grand ouverts, qui jamais ne se fermaient. Les adultes étonnés se remirent à parler. Ils se demandaient non qui était cet homme, mais ce qu'il faisait là. Pourquoi avait-il choisi l'arbre au-dessus du village, que regardait-il, et pourquoi si immobile ? Les adultes ne croyaient pas aux esprits, ils comprenaient bien, n'est-ce pas, que cet homme était vivant, un être de chair et de souffle comme eux. Mais ils n'en étaient que plus étonnés, et leur étonnement tourna naturellement à l'inassoupissement : littéralement, ils ne pouvaient plus dormir, de n'avoir pas de réponse, et de ne point savoir. Ce que cet homme faisait là, et ce qu'il regardait.

On se réunit, on parla, on tergiversa bien sûr, comme il se doit. Puis, las de l'insomnie qui s'était abattue sur le village entier, épargnant les enfants mais ne laissant en paix aucun adulte fait - las de l'insomnie, on décida que quelque chose devait être fait. Quelqu'un fut délégué à cette chose, qui consista après moultes discussions à gravir le versant afin de constater, d'abord, ce qu'avaient rapporté les enfants. Puis, cela fait, à poser à cet homme la question qui de tout le village avait compromis le sommeil. En attendre une réponse, et alors, seulement alors, redescendre au village. C'était apparemment une sage décision, que chacun approuva, et il ne resta plus qu'à envoyer le délégué.

Le délégué monta, sous les yeux grand ouverts, jusqu'à l'arbre tout en haut du versant. On l'observa de loin, tandis qu'il s'éloignait, et qu'il se rapprochait. Près de l'homme, au pied de l'arbre, le délégué s'arrêta. Vers le village, indécis, il se retourna, oh... bien trois fois ! Enfin il crut bon de s'asseoir, le dos face au village, le visage vers l'homme, l'homme qui regardait mais dont rien ne laissait voir qu'il eût vu venir le délégué. Celui-ci, s'étant éclairci la voix, lui posa la question dont il était porteur. Et n'obtint, bien sûr, aucune réponse. Les lèvres étaient scellées, le regard comme figé, sous la peau pas un muscle ne frémissait. L'homme était là, assis au pied de l'arbre, les yeux fixant quelque spectacle que même le délégué, pourtant en face de lui, ne savait lui masquer.

Le délégué resta trois jours et trois nuits. A chaque heure, de jour comme de nuit, puisqu'il ne dormait point, il posa la même question, encore et encore, et de réponse jamais n'obtint. C'était un homme patient, il resta jusqu'au bout conscient de sa mission, et jamais ne songea à manifester à l'égard de l'homme au pied de l'arbre la moindre impatience, la moindre hostilité. Il demandait, régulier comme le retour du soleil à chaque aube et son départ au crépuscule, et se désespérait simplement de n'avoir pas de réponse. Mais il constatait, comme auparavant les enfants, que l'homme respirait, et que dans son regard une vie existait. Il n'eût su l'expliquer, et ne s'y risqua pas, mais le fait était là.

Trois jours et trois nuits il resta, puis il redescendit. Il s'excusa d'abord de n'avoir rapporté aucune réponse, navré que son échec condamnât le village à ne toujours pas dormir. Durant ces trois jours et ces trois nuits qu'il avait passés là-haut, tous les yeux des adultes avaient regardé sa silhouette se dresser, immobile et curieuse, devant le pied de l'arbre, avec le tronc duquel, la nuit venant, il s'était confondu par trois fois. Par trois fois, au matin, ils l'avaient vu surgir de l'ombre, immobile et curieux, devant le pied de l'arbre. Le voyant revenir, ils avaient espéré, mais l'ayant entendu, ils furent tous désolés.

Alors ? Que fallait-il donc faire pour conjurer cette étrange malédiction qui s'abattait sur eux ? Ils ne se demandèrent pas ce qu'ils avaient pu faire pour la mériter : ces gens, je vous l'ai dit, ne croyaient pas en ces choses, esprits et dieux, qui permettent chez d'autres d'expliquer ce qui n'a pas d'explication. Ils constataient, s'interrogeaient et cherchaient une solution à un problème bien concret qui, depuis des jours et des nuits, les privait de sommeil. Il n'y avait chez eux aucune méchanceté ; pas un n'aurait pensé à tenter de chasser l'homme du pied de l'arbre. Il était là, simplement, et il fallait l'en faire bouger ; qu'il descende ou qu'il monte, peu importait, du moment qu'il bougeât.

Alors on discuta. On discuta même longuement, sans tenir compte des soleils qui se levaient et se couchaient, puisque de toute façon plus personne ne dormait. Et de ces discussions sortit une nouvelle décision. On décida de porter à cet homme des aliments, de la boisson, tout ce qu'à un vivant on pouvait proposer pour lui plaire: car peut-être, après tout, était-ce là l'explication d'une situation qui n'avait nulle raison ? Peut-être cet homme, qui n'avait ni maison, ni amis, ni occupations - peut-être cet homme attendait-il qu'on l'invitât à se joindre au village ? Et si cela se trouvait, dès qu'il aurait mangé, et bu aussi, et dès qu'il aurait vu qu'on était prêt à l'admettre au village, l'homme enfin se comporterait comme doit faire un homme. Cela parut sensé. Demain, il n'y paraîtrait plus: les visages fatigués, les traits tirés, les yeux voilés d'un sommeil qui ne revenait plus, tout cela aurait disparu et la vie aurait repris son cours. Le village compterait un habitant de plus, et chacun serait heureux de retourner à ses occupations.

Il parut sage, aussi, de confier cette mission, dont dépendait le sommeil des adultes, donc du village entier, aux enfants qui, les premiers, s'étaient aventurés au sommet du versant. On leur confia des bols remplis de victuailles. On leur donna des fûts frétillants de boissons parfumées. On les poussa devant, et suivit leur montée. Le petit défilé, les bras tout encombrés de ce que le village produisait de meilleur, gravit lentement le versant, jusqu'à l'homme assis là. Les mains agiles déposèrent devant lui les présents, puis s'en revinrent comme si de rien n'était. Après tout, les enfants dormaient bien, et le grand embarras dans lequel ils voyaient leurs parents depuis bien des jours et des nuits leur avait assuré de longs moments de liberté ; la vie du village semblait s'être arrêtée, et, bien loin d'inquiéter ces bambins délaissés, cette aubaine insolite leur était apparue, au bout d'une seule journée, comme l'occasion unique de profiter d'un temps dont les choix des adultes, dans leur vie ordinaire, les délestait au nom, disaient-ils, de leur éducation. Dans ces conditions, évidemment, le dépôt des offrandes était un jeu nouveau auquel ils se prêtèrent avec curiosité et même excitation. 


(à suivre)  TLP


Illustrations :
1. Caspar David Friedrich
2. A Cham Say Sudaros (Bouddha en méditation à l'ombre de l'arbre "Tone Phô")

 

Bouddha

 

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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 03:40

Les mots sont une musique
C'est ce qui explique qu'ils exercent une fascination semblable au pouvoir qu'a sur nous la musique. Il m'arrive de lire une page entière sans vraiment en saisir le contenu, mais en me laissant porter par le rythme. C'est plus évident avec certaines littératures modernes, qui ont voulu "casser" le rythme classique, bien ordonné, de la phrase et du texte, pour en exploiter au mieux les ressources poétiques ; mais c'est une constante de la littérature, même dans une langue classique comme celle de Mauriac par exemple. Non que le sens n'ait pas d'importance ; une littérature qui n'est que rythme et mélodie n'a sans doute pas d'intérêt ; la musique doit exprimer quelque chose, ou elle n'est rien que du bruit. Une illusion. Mais on atteint sans doute la littérature quand le sens est mélodieux, et que la musique est en rapport avec le sens. C'est vague, je sais, mais j'avais envie d'écrire un texte vague, de toute façon. Parce que j'ai du vague à l'âme, ce soir. Juste pour ça.

Proust comparait sa phrase à une fleur japonaise ; une fleur de papier qui, mise dans l'eau, se déploie peu à peu et dévoile une ampleur d'abord insoupçonnée, mais une ampleur qui n'est pas simulée ou illusoire, une ampleur qui n'est que la révélation de la forme contenue dans la fleur dès le départ. Roulez en boule une feuille de papier délicat : vous obtenez une boule. Placez cette boule dans l'eau, elle va s'en gorger, se laisser imprégner et se déplier en une forme qui ne sera plus une boule mais qui n'en sera pas moins la forme vraie de la feuille de papier : ni boule, ni feuille lisse et sèche. Autre chose, et pourtant la même chose. Et vous l'observerez en train de passer d'une forme à une autre, de la boule primitive à la forme nouvelle, sans doute imprévisible car elle tient à l'eau qui l'imprègne, autant qu'à des circonstances minuscules que votre oeil ne perçoit même pas.

Le travail de l'écrivain est peut-être d'explorer ces formes, les étapes de la métamorphose, pour d'une forme primitive, "brute", tirer une autre forme élaborée. Mais pas unique. Un texte publié peut encore être travaillé ; il peut être amélioré par son auteur, ou simplement modifié pour s'accorder à une autre humeur, un autre moment, une autre fantaisie. Ce jeu de formes est fascinant. Comme les variations sur un thème musical.  TLP

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