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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 15:00

NO EXIT - NICOLAS SARKOZY-et la France-PEUVENT-ILS TROUVER UNE ISSUE A LA CRISE EUROPEENNE ?, par Philip Gourevitch

Allia, 2012

 

Le petit livre noir qui ne vous apprend rien

gourevitch - no exitDans la mesure où l’on a déjà tout lu et tout entendu sur Nicolas Sarkozy, le petit livre commis par Philip Gourevitch, No exit, ne révèle rien. Ni dans les faits, qui sont connus, ni dans l’esprit, qui épouse l’image que l’on se fait, en France comme ailleurs, de celui qui, au moment de la publication de ce livre, n’avait pas encore quitté l’Elysée. Le sous-titre de No exit, « Nicolas Sarkozy – et la France – peuvent-ils trouver une issue à la crise européenne ? », correspond sans doute à l’esprit originel de cet opuscule, publié sous forme d’article dans The New Yorker le 12 décembre 2011 puis revu et augmenté pour une publication sous forme de livre. Il paraît un peu décalé à la lecture de l’opuscule entier, où la crise européenne ouvre et ferme le bal mais dont l’essentiel est constitué en fait par une narration du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Car c’est bien au personnage Sarkozy que s’intéresse Gourevitch. Sa personnalité, d’abord, résumée en quelques phrases, de lui-même ou d’observateurs plus ou moins impartiaux. Son rapport à l’argent, à l’ambition, à l’amour, aux « humiliations » de l’enfance sublimées par le succès ultime ; sa conception du pouvoir, décomplexée, exclusive, autoritaire ; son culte de l’action primant sur l’idéologie. Tout cela, Gourevitch le rappelle, l’illustre, le commente, en retraçant rapidement le parcours du jeune maire de Neuilly devenu ministre, chef de l’UMP et finalement Président. Puis il se livre à un recensement des « moments forts » du quinquennat, du dîner du Fouquet’s au discours de Grenoble, des infirmières bulgares à la guerre en Lybie, du « travailler plus pour gagner plus » aux « affaires » – sans oublier la partie people, Cécilia, Carla, le yacht de Bolloré et les vacances à Louxor. On perd alors de vue la question de la crise européenne pour se focaliser sur la cohérence (ou l’incohérence) de la politique de Sarkozy, sans trop savoir si elle est censée expliquer sa gestion de la crise européenne, ou répondre à la question posée par le sous-titre. Au travers de Sarkozy – ou en parallèle de son parcours – se dessine le désarroi de la France, à la recherche d’une identité nouvelle depuis que la sujétion à l’Europe lui a retiré une part de sa souveraineté. Et de là les réponses sarkozyennes et lepénistes à cette inquiétude, et le constat d’échec d’une Europe qui se refuse à mutualiser sa dette et s’arc-boute, avec l’Allemagne, dans l’exigence de la rigueur budgétaire.

Ecrit pour le public américain, le livre de Gourevitch n’apprend donc rien au lecteur français. Il accorde une grande importance à l’aspect people du quinquennat de Nicolas Sarkozy, non seulement sa vie privée mais ses rapports avec des figures comme Bernard Henri Lévy et Dominique de Villepin. Hélas, il résulte de tout cela une impression de fourre-tout dont on se demande en quoi exactement elle éclaire la question de la crise européenne. Non que le livre soit dépourvu d’intérêt ; il est d’une lecture agréable (malgré des tournures approximatives, mais on en rendra responsable la traductrice) et rapide, il « campe » bien le « personnage » qu’il prend pour objet, et sans doute remplit-il efficacement la fonction de « rappel » avant l’élection présidentielle de 2012. Mais on n’y cherchera pas une étude approfondie de la crise qu’il prend pour prétexte, pas plus d’ailleurs qu’une réflexion nouvelle sur Nicolas Sarkozy.

Thierry LE PEUT

 

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 10:13

 

Ce texte est une synthèse d’un article paru dans Le Monde diplomatique n° 665 (août 2009). Je ne me suis pas embarrassé des « règles » académiques de la synthèse, mêlant volontiers quelques phrases directement citées de l’article à une synthèse proprement dite. Le but étant de résumer le contenu de l’article, non de proposer un exercice conforme à des règles prédéfinies.

 

"Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, deux vagues successives ont submergé le monde arabe, celle du nationalisme et celle de l’islamisme politique. Au-delà de leurs divergences, ces deux courants s’abreuvent aux mêmes sources : le désir d’indépendance, le refus des ingérences étrangères, l’aspiration à un développement plus équitable et plus juste. Ces objectifs n’ont pas été atteints. L’émergence d’une troisième force permettra-t-elle de sortir de l’impasse ?"

 

par Hicham Ben Abdallah El Alaoui (article original)

 

Le nationalisme arabe donnait au monde arabe une perspective unitaire. Bien qu’il se soit toujours soldé par un repli sur des projets purement nationaux, « fossilisé » en des Etats dirigés par un parti unique ou un leader à vie, il a permis aux pays arabes de mettre fin au colonialisme et donné aux nations arabes des récits d’héroïsme, d’union et de réussite.

 

Le nationalisme arabe ayant échoué à accomplir l’union réelle du monde arabe, nombre de ses idées sont reprises aujourd’hui par l’islamisme politique. Bien que celui-ci débouche sur des méthodes et une politique condamnables, il exprime « la quête de sens et le désir de voir renaître une communauté unifiée ». Le succès du Hezbollah au Liban ou du Hamas à Gaza s’explique en grande partie par le fait que ces partis représentent la résistance à l’oppression et traduisent le désir d’indépendance des populations arabes, que les Etats n’expriment plus. « Historiquement, le nationalisme arabe et les mouvements islamistes partagent un certain nombre de principes : la quête d’une conscience collective unifiée, le désir de renaissance de la langue et de la culture arabes et, après la seconde guerre mondiale, l’anti-impérialisme. »

 

Pour autant, l’islamisme n’est pas aussi « pur » qu’il le souhaiterait de toute influence étrangère. Il a en réalité bénéficié du soutien direct ou indirect de l’Occident et des gouvernements arabes réactionnaires, qui ont souvent soutenu les mouvements islamistes contre le nationalisme arabe. Par exemple, les Britanniques utilisèrent les Frères Musulmans en Egypte contre le nationalisme de Nasser ; Israël soutint jadis le Hamas en Palestine pour s’opposer à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat ; les Etats-Unis soutinrent les « Arabes afghans » contre le communisme lors de l’invasion soviétique de l’Afghanistan à partir de 1979. Chacun, Occidentaux et islamistes, y trouvait son compte, même si aujourd’hui la « créature » (les mouvements islamistes) s’est retournée contre son « créateur ».

 

Aujourd’hui, les mêmes qui hier soutenaient l’islamisme s’efforcent d’attiser les querelles entre sunnites et chiites pour accélérer la fracture entre le monde arabe et l’Iran. Alors même que, durant les années 1960 et 1970, l’Iran était le seul allié d’Israël et des Etats-Unis contre le nationalisme arabe – jusqu’à ce que la révolution islamique de 1979 en fît une « bête noire ». Et que, paradoxalement, l’Iran ait le plus largement bénéficié de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003 [l’Irak représentant jusqu’alors le plus fort bastion du nationalisme arabe contre l’islamisme incarné par le régime de Téhéran]. Cette stratégie, dangereuse, risque à nouveau de se retourner contre ses instigateurs en faisant imploser le panislamisme, qui après l’échec du panarabisme (nationalisme arabe), contient les germes d’une unité arabe vers la démocratisation.

 

Il existe une troisième forme de nationalisme transnational arabe. Ce n’est pas un mouvement formel, mais plutôt une forme de conscience collective qui se manifeste dans les moyens de communication modernes (Al-Jazira, Internet, Facebook, etc.), dans les réseaux qui lient les diasporas à leurs pays d’origine, et qui marque spécialement la jeunesse. Cette conscience se réfère aux principes du droit international, comme l’a manifesté la crise de Gaza. Ce « troisième nationalisme » n’est lié ni aux gouvernements ni aux régimes. Il n’a pas de programme politique : il rejette toute intervention militaire étrangère, condamne l’autoritarisme et la corruption, aspire à la démocratie. Il réclame justice et indépendance dans l’ensemble du monde arabo-musulman.

 

La crise économique actuelle, déstabilisatrice, introduit pourtant des éléments porteurs de développements inédits. Des mouvements de protestation, se traduisant par des grèves, des manifestations, des appels, réclament la justice sociale indépendamment des réseaux islamistes, qui souvent ne savent pas gérer ce type de revendication. Ces mouvements « ouvrent aux forces progressistes des possibilités inédites de faire avancer leurs idées sur la justice et les droits sociaux ».

 

Les régimes luttent pour empêcher ces mouvements de s’unifier et de s’allier aux islamistes. Ils usent de la répression et d’une arme plus insidieuse, se posant en défenseurs des valeurs arabes ou musulmanes et condamnant les discours sur les droits sociaux en les accusant d’être importés par l’Occident. Par exemple, en luttant pour faire changer la condition de la femme, les progressistes se voient accusés de « capitulation culturelle » tandis que les régimes autoritaires se posent en garants de la « résistance culturelle à l’occidentalisation ». C’est là un véritable piège identitaire dans lequel les régimes tentent de faire mourir les forces progressistes.

 

L’islamisme, lui, s’empare parfois des revendications progressistes : ainsi les talibans adoptant au Pakistan la notion de conflit de classes et plaidant pour la réforme agraire en confisquant les terres de riches propriétaires. C’est là un message clair adressé aux progressistes et aux régimes « modérés » : si vous n’agissez pas enfin avec détermination contre la corruption, la pauvreté et l’inégalité, vous serez débordés par les islamistes sur ces questions.

 

Des possibilités d’alliances profitables aux deux courants existent cependant, sur toutes les questions qui mobilisent les populations : le chômage, la pénurie de nourriture et de ressources, la hausse des prix, la lutte contre la corruption, le règlement de la cause palestinienne, l’application du droit international…

 

Les principes d’une action unie et efficace seraient les mêmes qui animaient hier le nationalisme arabe. L’utopie n’est pas sans précédent : le monde arabo-musulman peut s’inspirer de l’Europe, qui a mis un terme à des siècles de conflits sanglants pour entamer un processus d’unification sans pour autant renoncer à l’indépendance nationale et aux différences culturelles entre ses peuples.


Retrouvez les articles de Hicham Ben Abdallah El Alaoui sur le site du Monde Diplomatique

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8 août 2009 6 08 /08 /août /2009 13:51

Au sujet de la polémique suscitée par le discours de Nicolas Sarkozy au congrès de Versailles

 

Les faits

 

Le député-maire de Vénissieux (Rhône), André Gerin, a déposé le mercredi 17 juin 2009 une demande de création d’une commission d’enquête parlementaire sur le port du voile intégral. Le 4 juin, dans son discours du Caire, le président américain Barack Obama avait déclaré qu’il n’était pas du ressort des Etats occidentaux d’interdire le port de ce vêtement musulman. Le 22 juin, le président français Nicolas Sarkozy déclarait, dans son discours du congrès de Versailles, que la burqa ne serait « pas la bienvenue sur le territoire de la République française », car elle est « un signe d’asservissement », « un signe d’abaissement ». (Voir, ci-dessous, l'extrait du discours de Versailles.)

 

Le vote, en 2004, de l’interdiction du port du voile à l’école avait sucité une vive polémique. Les propos du président de la République à Versailles en juin 2009 étaient évidemment attendus, et discutés avant même que d’être entendus : certains contestaient la pertinence d’un débat qui ne pouvait que réveiller la polémique, d’autres criaient par anticipation au recul des libertés, d’autres encore réclamaient uen décision ferme sur la question. Avant comme après, on a tout entendu, exactement comme en 2004. Pourtant, y a-t-il là de quoi émouvoir l’opinion ? Y a-t-il là quelque chose de nouveau sous le soleil ? Pas vraiment. On a donc pu lire aussi que les propos du président étaient destinés à suciter volontairement une polémique de nature à détourner l’attention de l’opinion et des médias des autres priorités du moment, comme la crise mondiale et la lutte contre la précarité. Parce qu’il est plus facile, et peut-être plus gratifiant pour l’intellect, de se battre sur des principes plutôt que sur des faits. D’autres ont toutefois émis une hypothèse tout aussi vraisemblable, mais plus intéressante : les propos de Nicolas Sarkozy seraient une réponse au président américain, qui en critiquant les interdictions décrétées par certains gouvernements occidentaux aurait mis en cause la France. Le discours de Versailles s’inscrivait ainsi dans la polémique déjà soulevée par le discours du Caire. Ces deux hypothèses remettent en contexte les déclarations du président de la République, et à sa juste place la polémique qu’elles ont suscitée.

 

La polémique

 

Cette polémique ne s’est pas limitée à la France : l’opinion et la presse du monde entier s’en sont fait l'écho. Le n°974 du 2 au 8 juillet 2009 de Courrier International consacrait ainsi huit pages au recensement de quelques-unes des réactions publiées dans le monde, prenant soin de donner la parole aux différentes opinions. La lecture de ces réactions achève de convaincre que la question ne peut être résolue par la discussion, car elle engage des prises de position individuelles qui ne se limitent pas à la question religieuse. L’identité musulmane est au centre de la question de la burqa, et un journaliste a la bonne idée de se demander quel projet culturel est rattaché à cette question vestimentaire : porter la burqa, soit, affirmer son identité musulmane, très bien, mais dans quel but ? S’agit-il de se conformer à une tradition, auquel cas l’appartenance communautaire prend le pas sur l’aspect religieux, ou aux préceptes du Coran, ce qui loin de simplifier le débat met aux prises ceux qui prétendent que le port du voile est bel et bien inscrit dans le texte religieux et ceux qui prétendent qu’il n’en est rien ?

 

On peut, comme Gabriel Albiac dans ABC (Madrid), rappeler la sourate 33, verset 59 du Coran : « O Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. » Mais en citant aussi le verset 55, juste avant : « Nul grief sur elles [les femmes musulmanes qui seraient vues sans voile] », et en rappelant la parole qui revient constamment dans la sourate : « Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » On aura ainsi rappelé que le voile est effectivement évoqué dans le Coran mais qu’il n’est pas fait obligation à la femme de le porter : il est un signe de reconnaissance, destiné à éviter les malentendus et les offenses qui en résulteraient, non un vêtement imposé.

 

Ce n’est pas du Coran que provient l’obligation de porter le voile, qu’il s’agisse du simple hijab (qui encadre le visage) ou de la burqa (qui recouvre tout le corps et dissimule les yeux derrière un grillage). Le Coran appelle à la tolérance et à la miséricorde, non au fanatisme. Lorsque les défenseurs du droit à porter la burqa s’indignent que l’Etat français veuille l’interdire, ils n’accomplissent pas un acte religieux mais un acte politique ; mais en entretenant le doute sur la véritable nature de ce droit (religieux ou civil), ils contribuent parfois eux-mêmes à justifier l’intervention de l’Etat dans son rôle de défenseur de la laïcité.

 

Placée sur le plan de la liberté individuelle, la question du port de la burqa n’est pas plus facile à résoudre. Ceux qui s’indignent de la restriction des libertés se refusent à prendre en compte une réalité pourtant manifeste : la burqa est effectivement un instrument d’oppression dans des pays où les droits des femmes sont piétinés – quand ce ne sont pas les femmes elles-mêmes qui le sont. Les déclarations rapprochées des présidents américain et français ont d’ailleurs donné lieu à un spectacle édifiant : les propos d’Obama ont indigné les défenseurs des droits de la femme parce qu’ils niaient cette oppression et semblaient sinon la légitimer du moins fermer les yeux sur elle, tandis que ceux de Sarkozy, de nature à rassurer les offensés, ont indigné les défenseurs des libertés individuelles. Comment voulez-vous trouver une réponse à la question dès lors qu’une attitude et son contraire soulèvent des tollés comparables ? En plaçant le débat dans le contexte de la défense de la laïcité, Nicolas Sarkozy a au moins le mérite de prendre position, quelles que soient les – éventuelles – arrière-pensées de son discours.

 

La meilleure attitude serait sans doute de permettre le port de la burqa dès lors qu’il est librement choisi et assumé, mais de l’interdire quand il est effectivement un « signe d’asservissement ». Mais quelle loi, quelle justice, pourraient garantir l’application d’un si joli principe ? Faudra-t-il faire passer devant les tribunaux, ou devant des commissions ad hoc, toutes les femmes qui souhaiteront porter la burqa, afin de déterminer si elles agissent librement ou sous la contrainte ? Ce serait là une farce bien singulière, dont le résultat ne serait même pas efficient. En laissant chacune décider librement, sans légiférer, on ouvre la porte, a contrario, au développement d’une posture communautaire dont on imagine les excès.

 

Bien sûr, ces excès ne sont qu’hypothèse. Ils ne justifient pas l’intervention de l’Etat, lequel a suffisamment à faire avec la réalité pour ne pas se mettre à pourfendre les « peut-être » et les « et si… ? ». Mais on peut s’interroger – prenons cela comme une jeu intellectuel – sur la cohérence d’une société qui, sous prétexte de liberté, autorise le port de signes aussi ostentatoires que la burqa : et si, demain, les naturistes décident de se présenter nus à leur travail en arguant du fait que leur conception de la vie s’accommode fort bien de la nudité – et même l’exige – et qu’ils n’ont pas à subir le diktat des gens habillés ? L’absence de signes vaut bien la présence oppressante d’une burqa – oppressante non seulement pour la femme qui en est prisonnière mais aussi pour son entourage. Car je ne trouve pas scandaleux d’évoquer l’agression que peut représenter, pour quelqu’un qui ne porte pas la burqa, la vision d’une femme en burqa. Parler d’intolérance, c’est très bien. Brandir l’étendard de la liberté de chacun, c’est parfait. Refuser en revanche de considérer le point de vue de ceux qui subissent la vue de la burqa, c’est faire montre d’autant d’intolérance qu’on en dénonce chez les autres.

 

Car, si la question suscite tant d’indignation, c’est qu’elle charrie des émotions et des principes qui sous-tendent toute la vie en société. Si la burqa était effectivement un vêtement commun, admis au même titre que la jupe courte ou le piercing, croiser une femme en burqa ne bouleverserait personne. Mais ce vêtement n’a rien de commun ; il est le symbole du sort insupportable de milliers de femmes à travers le monde. Qu’il ait une réelle valeur religieuse ou identitaire aux yeux de celles qui choisissent de le porter et de ceux qui en défendent l’usage ne change rien à cette réalité : qu’on le veuille ou non, que ce soit inscrit ou non dans le Coran, la burqa est un instrument d’oppression, synonyme d’asservissement, de violence, d’intolérance. De même que la svastika, symbole religieux à l’origine, peut difficilement aujourd’hui être dissociée du souvenir de la barbarie nazie ; que cela plaise ou non, que cela choque ou non, c’est ainsi.  TLP


Extrait du discours du congrès de Versailles :

 

(16’05) « Où en sommes-nous avec la laïcité ? Je ne réemploierai pas le terme de « laïcité positive » pour ne pas alimenter une polémique inutile, mais je reste ferme sur l’idée que la laïcité ce n’est pas le refus de toutes les religions, ce n’est pas le rejet du sentiment religieux. La laïcité, c’est un principe de neutralité et un principe de respect. La laïcité, c’est le respect pour toutes les opinions et pour toutes les croyances. Quand Jules Ferry a écrit aux instituteurs, il leur a dit : « Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un seul père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il nous (sic) entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire. » Qui peut oublier que la séparation de l’Eglise et de l’Etat s’est faite dans la douleur ? Mais sommes-nous obligés de continuer cette guerre qui n’a plus lieu d’être ?

Nous ne sommes pas menacés par le cléricalisme. Nous le sommes davantage par une forme d’intolérance qui stigmatiserait toute appartenance religieuse. Je le dis en pensant en particulier aux Français de confession musulmane : nous ne devons pas nous tromper de combat, dans la République la religion musulmane doit être autant respectée que les autres religions. Le problème de la burqa n’est pas un problème religieux, c’est un problème de liberté, c’est un problème de dignité de la femme. La burqa, ce n’est pas un signe religieux, c’est un signe d’asservissement, c’est un signe d’abaissement. Je veux le dire solennellement : elle ne sera pas le bienvenu (sic) sur le territoire de la République française. Nous ne pouvons pas accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute dignité. Ce n’est pas l’idée que la République française se fait de la femme. Le Parlement a souhaité se saisir de cette question. C’est la meilleure façon de procéder ; il faut qu’il y ait un débat et que tous les points de vue s’expriment. Où ailleurs qu’au Parlement pourraient-ils mieux s’exprimer ? Je vous le dis : nous ne devons pas avoir honte de nos valeurs, nous ne devons pas avoir peur de les défendre.

 

Où en sommes-nous avec la liberté ? * Qu’en avons-nous fait ? La liberté, ce n’est pas le droit pour chacun de faire ce qu’il veut. Etre libre, ce n’est pas vivre sans contrainte et sans règle. Quand il n’y a pas de règle, quand tous les coups sont permis, ce n’est pas la liberté qui triomphe, c’est la loi de la jungle, c’est la loi du plus fort ou celle du plus malin. C’est le débat que nous avons sur lécole. Rendre service à nos enfants, c’est leur enseigner qu’il n’y a pas de liberté sans règle. C’est le débat que nous avons sur l’économie, sur la finance, sur le capitalisme. Nous voyons bien que le capitalisme devient fou  quand il n’y a plus de règles. C’est le débat que nous avons aussi sur le droit d’auteur. […] » (19’48)


* Bien qu'il s'agisse du début de la partie suivante, je reproduis également ces lignes car la question de la liberté est évidemment liée à celle de la laïcité et du port de la burqa.
 

Discours intégral de Nicolas Sarkozy au congrès de Versailles :

 

http://www.liberation.fr/politiques/06011049-l-integrale-du-discours-de-sarkozy-devant-le-congres

 

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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 07:59

Source : http://www.upjf.org/actualiees-upjf/article-16604-130-5-discours-benyamin-netanyahou-14-juin-version-francaise-autorisee.html
 

J'ai reçu, comme beaucoup d'organes de presse, la version française autorisée du très important discours du Premier Ministre israélien. J'appelais de tous mes voeux une telle traduction, je ne puis donc que me réjouir de ce qu'elle ait été effectuée et mise à la disposition du public si rapidement. J'ai à peine besoin d'insister sur la nécessité de lire intégralement et de difffuser largement ce texte. On sait, en effet, qu'il ne s'agit pas d'un discours d'apparat, ni d'un exercice oratoire rempli de déclarations convenues. C'est, au sens fort du terme, un discours refondateur, qui présente au monde, en termes simples et dépourvus de toute ambiguïté, la vision israélienne de la présence de l'Etat juif au Proche-Orient. Il réitére, parallèllement à un appel à la paix avec les Etats arabes, la détermination sans faille de l'échelon politique israélien de préserver, à tout prix, l'existence d'Israël et sa nature juive dans cette infime portion du monde qui se trouve être le berceau du peuple juif. (Menahem Macina).

 

16/06/09

 

Discours du Premier ministre au Centre Begin-Sadate

Université Bar-Ilan (14 juin 2009)

 

Mesdames et Messieurs, citoyens de l’Etat d’Israël,

 

La paix a toujours été le désir le plus ardent de notre peuple. Nos prophètes ont donné au monde la vision même de la paix, nous nous saluons à l’aide du mot “paix”, nos prières s’achèvent sur le mot “paix”.

Nous sommes ce soir réunis dans une institution portant le nom de deux pionniers de la paix, Menachem Begin et Anwar Sadate, dont nous partageons la vision.

Il y a deux mois et demi, j’ai prêté mon serment de Premier ministre de l’Etat d’Israël. Je me suis engagé à former un gouvernement d’unité nationale – et j’y suis parvenu. J’étais convaincu, et je le suis toujours, que l’unité nous est plus vitale aujourd’hui que jamais, confrontés que nous sommes à trois immenses défis : la menace iranienne, la crise économique et la promotion de la paix.

Le spectre de la menace iranienne n’a pas Israël pour seule cible, comme nous en avons eu la preuve hier. Le plus grand danger pour Israël, le Moyen-Orient et l’ensemble de l’humanité, est la connexion entre l’extrémisme islamique et l’arme nucléaire. J’ai débattu de ce registre avec le président Obama au cours de ma récente visite à Washington et je l’évoquerai également la semaine prochaine lors de mes entretiens avec les dirigeants européens. Depuis des années, je tente sans relâche de forger une alliance internationale destinée à empêcher l’Iran de faire l’acquisition de l’arme atomique.


Confronté à une crise économique mondiale, le gouvernement a rapidement pris les mesures nécessaires à la stabilisation de l’économie israélienne. Nous avons voté un budget de deux ans qui sera prochainement approuvé par la Knesset.

Troisième enjeu, de loin le plus important : la promotion de la paix. J’en ai certes parlé au président Obama et je cautionne totalement le projet de paix régionale qu’il préconise.

Je partage le désir du président de susciter une nouvelle ère de réconciliation dans notre région. Dans ce dessein, je me suis entretenu avec le président Moubarak en Egypte et le roi Abdallah en Jordanie, afin de rallier le soutien de ces leaders et d’étendre le rayon de la paix dans notre région.

 

Je m’adresse ce soir aux dirigeants arabes et leur dis : “Rencontrons-nous, parlons de paix et faisons la paix. Je suis disposé à vous rencontrer à tout moment. Je suis disposé à me rendre à Damas, à Riyad, à Beyrouth, partout – y compris à Jérusalem.

Je lance un appel à la coopération des pays arabes avec les Palestiniens et avec nous, pour promouvoir une paix fondée sur la croissance économique. La paix économique n’est pas un substitut de la paix politique, mais elle joue un rôle important pour y parvenir. Ensemble, nous pouvons entreprendre des projets susceptibles de surmonter les pénuries de notre région - tel le dessalement de l’eau ; d'en maximiser les atouts - tels l’exploitation de l’énergie solaire, du gaz et du pétrole, et les moyens de transport entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe.

Nous sommes tous impressionnés - je le suis aussi -, par la réussite économique des Etats du Golfe. Je fais appel aux entrepreneurs du monde arabe pour qu’ils investissent leurs énergies et leurs talents ici, et contribuent, ce faisant, à aider les Palestiniens – et nous – à stimuler l’économie de la région.

Ensemble, nous pourrions créer des zones industrielles porteuses de milliers d’emplois et créer des sites touristiques qui attireraient des millions de visiteurs désireux de s’engager dans les pas de l’Histoire – à Nazareth et Bethléem, autour des murs de Jéricho et de Jérusalem, sur les rives du lac de Tibériade et au site du baptême sur le Jourdain.

Notre région renferme un énorme potentiel de tourisme archéologique, il suffit que nous apprenions à collaborer pour mettre en œuvre ce potentiel.

Je m’adresse à vous, voisins palestiniens dirigés par l’Autorité palestinienne, et vous dis : “Entamons immédiatement des pourparlers, sans conditions préalables.”

Israël respecte ses engagements internationaux et s’attend à ce que toutes les parties respectent les leurs.

Nous voulons vivre en paix avec vous, en bons voisins. Nous voulons que nos enfants et les vôtres ne fassent plus jamais l’expérience de la guerre, que des parents, des frères et des soeurs n’aient plus jamais la douleur de perdre leurs êtres chers au combat ; que nos enfants puissent rêver d’un avenir meilleur et qu’ils parviennent à réaliser leurs rêves ; que nous investissions ensemble nos énergies dans la fabrication de socs et de serpes plutôt que d’épées et de lances.

Je connais la laideur de la guerre. J’ai fait l’expérience des champs de bataille. J’y ai perdu mes amis, j’y ai perdu un frère. J’ai vu la douleur des familles endeuillées. Je ne veux pas de guerre. Personne en Israël ne veut la guerre.

Si, main dans la main, nous œuvrons ensemble à l’instauration de la paix, il n’y aura pas de limites au développement et à la prospérité de nos populations sur les plans économique, agricole, commercial, touristique et éducatif, ce qui - et c’est le plus important -, garantira à nos enfants un monde meilleur, une vie paisible, créatrice, riche d’opportunités et d’espoir.

Si la paix a des atouts si manifestes, demandons-nous pourquoi elle demeure si lointaine alors que nos mains sont tendues vers elle ? Pourquoi ce conflit dure-il depuis plus de soixante ans ?

Pour mettre un terme au conflit, il nous faut donner une réponse honnête et sans détours à cette question : quelles en sont les sources ?

Dans son discours au Premier Congrès sioniste de Bâle, Théodore Hezl, le fondateur du sionisme, déclarait à propos du foyer national juif : “L’idée est si grande que nous ne pouvons en parler qu’en termes les plus simples.” Je vais parler aujourd’hui des immenses défis de la paix avec les mots les plus simples possibles.

Les horizons de demain ne doivent nous faire oublier ni les réalités ni les vérités de l’heure. La vérité est que les racines du conflit ont été et restent le refus de reconnaître le droit du peuple juif à son Etat, dans sa patrie historique.

En 1947, lorsque les Nations unies proposèrent leur plan de partition prévoyant un Etat juif et un Etat arabe, les pays arabes rejetèrent unanimement cette résolution. La communauté juive, au contraire, l’accueillit avec des chants et des danses. Les Arabes ont rejeté toute idée d’Etat juif, quelles que fussent ses frontières.

Ceux qui pensent que l’hostilité envers Israël est la conséquence de notre présence en Judée, Samarie et dans la bande de Gaza confondent causes et conséquences.

Les attaques contre nous ont débuté dès les années 20, se sont intensifiées en assaut généralisé en 1948, poursuivies par les attentats de feddayin des années 50 pour atteindre leur paroxysme en 1967, à la veille de la Guerre de Six-Jours, dans l’espoir de resserrer l’étau arabe autour de l’Etat d’Israël.

Autant d’événements advenus au cours des cinquante années avant même qu’un soldat israélien n’ait foulé le sol de la Judée et de la Samarie.

L’Egypte et la Jordanie ont, heureusement, quitté ce cercle d’hostilité. La signature de traités de paix avec ces pays a mis un terme à leurs revendications contre Israël, un terme au conflit. Mais, et nous le regrettons, ce n’est pas le cas des Palestiniens. Plus nous nous rapprochons d’un accord avec eux, plus ils font marche arrière et présentent des revendications qui réfutent tout désir sincère de mettre un terme au conflit.

Nombreux sont ceux qui soutiennent que l’évacuation des territoires est la clé de la paix avec les Palestiniens. Nous nous sommes retirés, mais le fait est que chaque évacuation a été suivie par des vagues massives de terrorisme, par des attentats-suicide meurtriers, et par des milliers de missiles.

Nous avons tenté le retrait avec et sans accord préalable, le retrait partiel et le retrait total. En l’an 2000 et même l’an dernier, Israël a proposé un retrait presque complet en échange de la fin du conflit, et à deux reprises notre proposition a été repoussée.

Nous avons évacué jusqu’au dernier centimètre de la bande de Gaza, démantelé des dizaines de localités juives et évincé de leurs foyers des milliers d’Israéliens pour ne recevoir en réponse que des salves de missiles lancés sur nos villes, nos localités et nos enfants.

Le postulat selon lequel l’évacuation des territoires déboucherait sinon sur la paix avec les Palestiniens, du moins sur des progrès dans le sens de la paix, n’a pas encore fait les preuves de son bien-fondé.

De surcroît, le Hamas au sud, à l’instar du Hezbollah au nord, proclame à l’envi ses engagements à la “libération” des villes israéliennes d’Ashkelon, de Beershéva, d’Acre et de Haïfa.

L’évacuation des territoires n’a pas diminué la haine, et à notre grand regret, les Palestiniens modérés ne sont toujours pas disposés à prononcer ces quelques mots simples : Israël est la patrie du peuple juif, et le restera.

Parvenir à la paix exige courage et franchise des deux partenaires, pas seulement du côté israélien.

Le leadership palestinien doit proclamer haut et fort : “Trêve d’hostilités ! Nous reconnaissons le droit du peuple juif à posséder son Etat et nous sommes disposés à vivre en paix à ses côtés.” 

J’aspire au jour où les dirigeants palestiniens s’adresseront à nous et à leurs populations dans ces termes, au jour où s’ouvrira la voie de la paix et de la solution de tous les problèmes qui opposent nos peuples, quelle que soit leur complexité.

Il s’ensuit que la condition préalable fondamentale pour mettre fin au conflit est la reconnaissance publique et catégorique d’Israël en tant que patrie du peuple juif par les Palestiniens. 

Pour conférer à cette déclaration une portée pratique, il importe également que les Palestiniens comprennent que le problème posé par les réfugiés doit être résolu hors des confins israéliens. Car il est clair que toute exigence de retour des réfugiés palestiniens en territoire israélien constitue un danger pour l’existence d’Israël en tant que patrie du peuple juif.

Le problème des réfugiés palestiniens doit être résolu et peut l’être, comme le prouve notre propre expérience. Notre petit pays a en effet réussi à intégrer des centaines de milliers de réfugiés juifs qui ont abandonné leurs maisons et leurs biens dans les pays arabes.

Il importe donc, au nom de la justice et de la logique, que ce problème soit résolu hors des frontières d’Israël. Sur ce point, le consensus de nos concitoyens est quasiment unanime. Je suis convaincu qu’avec de la bonne volonté et un investissement international, ce problème humanitaire pourra être définitivement résolu.

Je n’ai abordé pour l’instant que le registre de la reconnaissance de nos droits par les Palestiniens. J’aborderai ouvertement dans un moment celui de la reconnaissance par Israël des droits des Palestiniens. 

Permettez-moi de rappeler tout d’abord que les liens noués par le peuple juif avec la Terre d’Israël remontent à plus de 3500 ans. La Judée et la Samarie, ces lieux où vécurent Abraham, Isaac et Jacob, David et Salomon, Isaïe et Jérémie, ne nous sont pas étrangers. Ils ont marqué l'histoire de la terre de nos ancêtres.

Le droit du peuple juif à un Etat en Terre d’Israël n’est pas la conséquence des catastrophes qui ont frappé notre peuple. Certes, pendant 2000 ans, les Juifs ont enduré des expulsions, des pogroms, des accusations de meurtre rituel et des massacres, dont le paroxysme, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, a été atteint pendant la Shoah. 

Certains prétendent que sans la Shoah, l’Etat d’Israël n’aurait pas vu le jour. Pour ma part, j’affirme que si l’Etat d’Israël avait été créé plus tôt, la Shoah ne se serait pas produite.

Cette tragique histoire d’impuissance explique pourquoi le peuple juif doit posséder son pouvoir souverain d’autodéfense.

Toutefois, notre droit d’édifier ici, en Terre d’Israël, un pays souverain, procède d’un fait simple : cette terre est la patrie du peuple juif, celle où s’est forgée notre identité.

Comme le proclama, dans la Déclaration d’Indépendance, le premier chef de gouvernement israélien, le Premier ministre David Ben Gourion : Eretz Israel est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. C’est là qu’il réalisa son indépendance, créa une culture à la fois nationale et universelle, et fit don de la Bible au monde entier.

Pour autant, nous ne devons pas dissimuler une partie de la vérité : dans cette patrie, vit une grande communauté palestinienne. Nous ne souhaitons ni les dominer, ni régir leur existence, pas plus que leur imposer notre drapeau et notre culture.

Selon ma perception de la paix, dans ce petit pays qui est le nôtre, deux peuples vivent librement, côte à côte, dans la concorde et le respect mutuel. Chacun possède son drapeau, son hymne national, son propre gouvernement. Aucun ne menace l’existence et la sécurité de son voisin.

Ces deux réalités – notre attachement à la Terre d’Israël, d’une part, et la présence d’une population palestinienne parmi nous, de l’autre – ont suscité de profondes controverses dans la société israélienne. Mais, en vérité, nous avons plus de choses en commun que de pommes de discorde.

Et c’est précisément pour exprimer notre unité et notre attachement aux principes de paix et de sécurité que je suis ici ce soir. Ce sont ces principes fondamentaux qui régissent notre politique.

Cette politique doit prendre en compte la situation mondiale telle qu'elle se présente depuis peu. Il nous faut connaître les réalités qu’elle implique, tout en restant fermement liés aux principes essentiels pour notre pays.

J’ai déjà énoncé le premier de ces axiomes : la reconnaissance. Les Palestiniens doivent reconnaître, clairement et sans ambiguïté, qu’Israël est la patrie du peuple juif. Le second concerne la démilitarisation : les territoires sous administration palestinienne doivent impérativement être démilitarisés, et des dispositions à toute épreuve, doivent être prises pour garantir la sécurité d’Israël.

Si ces deux conditions ne sont pas respectées, le danger de l’émergence d’un Etat palestinien armé, qui deviendrait une nouvelle base de terrorisme contre Israël, du genre de celle de Gaza, est réel.

Nous ne voulons pas de roquettes Qassam sur Petah-Tikva, de roquettes Grad sur Tel-Aviv, ni de missiles sur l’aéroport Ben Gourion. Ce que nous voulons, c’est la paix.

Pour y parvenir, nous devons nous assurer que les Palestiniens ne soient pas en mesure d’importer des missiles dans leur territoire, de déployer une armée, de fermer leur espace aérien à nos avions, ou de conclure des accords avec des organisations tellle que celle du Hezbollah et avec des pays comme l’Iran. Sur ce point, le consensus d’Israël est général.

On ne peut s’attendre à ce que nous acceptions, par avance, le principe d’un Etat palestinien sans garanties de démilitarisation de cet Etat.

Dans un registre aussi vital pour l’existence d’Israël, nous devons avoir la garantie que nos exigences de sécurité seront respectées.

Par conséquent, nous demandons à nos amis de la communauté internationale, avec, à leur tête, les États-Unis, de garantir ces éléments cruciaux pour la sécurité de notre pays : des engagements clairs relatifs à la démilitarisation du territoire sous contrôle palestinien dans un futur accord de paix, autrement dit, [l'assurance] que le territoire du futur Etat palestinien sera dépourvu d’armée et de contrôle de son espace aérien, [qu'il sera] doté également de moyens efficaces de sécurité, destinés à empêcher le trafic d’armes sur son territoire – un véritable contrôle de ces mesures et non ce qui se passe à Gaza à l’heure actuelle. Il va de soi aussi que les Palestiniens ne pourront conclure des accords militaires avec d’autres pays.

Faute de mesures de ce genre, ces territoires deviendront, tôt ou tard, un nouveau “Hamastan”. Chose que nous n’accepterons à aucun prix.

Lors de ma visite à Washington, j’ai dit au président Obama que si nous parvenons à nous entendre sur la substance, la terminologie ne posera pas de problème. 

Je tiens à préciser la substance d’un futur accord avec l’Autorité palestinienne :

Si nous recevons des garanties concernant la démilitarisation et les exigences israéliennes de sécurité, et si les Palestiniens reconnaissent qu’Israël est la patrie du peuple juif, nous serions disposés, dans le cadre d’un futur accord, à parvenir à une solution prévoyant l’existence d’un Etat palestinien démilitarisé, aux côtés de l’Etat juif.


Concernant les problèmes importants qui restent à résoudre dans le cadre d’un accord final, mes positions sont connues : Israël a besoin de frontières sûres et défendables, Jérusalem doit rester la capitale unifiée de l’Etat d’Israël, où la liberté de culte de toutes les religions sera scrupuleusement respectée.

Le problème territorial sera évoqué dans l’accord définitif. Entre temps, nous n’avons l’intention ni d’établir de nouvelles implantations, ni d’exproprier d’autres terrains au profit des localités existantes.

Toutefois, nous devons permettre aux habitants de ces localités de mener une vie normale, aux mères et aux pères d’élever leurs enfants comme partout ailleurs. Les habitants de ces localités ne sont ni des ennemis du peuple, ni des ennemis de la paix. Ils sont, au contraire, partie intégrante de notre population, ce sont des gens qui défendent leurs idéaux, des pionniers et des sionistes.

L’unité entre tous les secteurs de notre population nous est essentielle et nous permettra de parvenir à nous réconcilier avec nos voisins. Cette réconciliation doit commencer par le changement des réalités actuelles. Je suis convaincu qu’une économie palestinienne forte renforcera la paix.

Si les Palestiniens optent pour la paix – en combattant le terrorisme, en renforçant les rouages de leur administration, en imposant le règne du droit, en enseignant la paix à leurs enfants, et en mettant un terme aux incitations à la violence contre Israël –, nous ferons, pour notre part, tous les efforts pour faciliter leur liberté de mouvement, et pour leur permettre de développer leur économie. Autant d’éléments qui contribueront à promouvoir un traité de paix entre nous.

Au-delà, les Palestiniens doivent faire le choix entre la voie de la paix et celle du Hamas. L’Autorité palestinienne devra faire régner la loi à Gaza et triompher du Hamas, Israël ne siègera pas à la table de négociation avec des terroristes résolus à détruire notre pays.

Le Hamas ne permet même pas à la Croix-Rouge de rendre visite à notre soldat kidnappé, Gilad Shalit, captif depuis trois ans, isolé de ses parents, de sa famille et de son peuple. Nous nous engageons à le faire rentrer sain et sauf chez lui.

Avec des dirigeants palestiniens qui auront pris des engagements en faveur de la paix, avec la collaboration active du monde arabe et le soutien des Etats-Unis et de la communauté internationale, il y a de bonnes chances de parvenir à la paix.

Notre peuple a déjà prouvé sa capacité de surmonter l’impossible. Au cours des 61 dernières années, et tout en luttant constamment pour notre existence, nous avons réalisé des prodiges.

Nos micro-composants sont insérés dans les ordinateurs du monde entier. Nos médicaments soignent des maladies jusque là tenues pour incurables. Nos systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte ont fait reverdir des terres arides partout dans le monde. Les chercheurs israéliens travaillent à étendre les limites des connaissances humaines.

Si seulement nos voisins répondaient à nos appels, la paix serait à portée de main.

J’exhorte les dirigeants des pays arabes et le leadership palestinien à s’engager sur la voie tracée par Menachem Begin et Anwar Sadate, Yitzhak Rabin et le roi Hussein. Réalisons ensemble la vision du prophète Isaïe qui, à Jérusalem, prônait il y a 2700 ans : Un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et on n’apprendra plus l’art de la guerre.


Avec l’aide de Dieu, puissions-nous ne plus connaître la guerre, et savourer enfin la paix.

 

[Texte aimablement communiqué par M. Yigal Palmor, porte-parole du Bureau du Premier Ministre.]

 

Mis en ligne le 16 juin 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org

 

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