Je ne veux plus un une des
je veux le la les
dire et voir et toucher
éprouver sans les mots
puis les dire les écrire
le la les enfin
être enfin
voir enfin
et sentir
et ouvrir
tout sortir
mais sortir en dedans
tout voir à l'intérieur
être
le la les
être être être
et crier en silence
***
Le dernier mot est silence parce que là est la tension. Dire, c'est enfermer le sentiment, le donner pour acquis, compris, fermé. Dire, c'est refuser le silence. Pourtant seul le silence est vrai. C'est ce vers quoi je reviens, toujours.
Des amis peuvent recevoir ce que l'on a à dire. Mais ils chercheront souvent à le comprendre, et voudront dire quelque chose en retour. Pour montrer qu'ils ont compris, ou simplement montrer qu'ils s'intéressent. A ce qui est dit, peut-être, à qui le dit, surtout.
Ecrire peut être la réponse. Ecrire, c'est dire, mais à soi-même d'abord, aux autres ensuite mais sans s'exposer à un retour immédiat. La lecture peut susciter une parole, mais différée. Dans la différance (sic) est la réflexion, le recul. Et si la réponse vient jusqu'à moi, ce sera encore par écrit, avec pour moi la même possibilité de différance. Lire, écrire, donnent le temps d'assimiler.
En écrivant je ne cherche pas un retour. Le retour est jugement. Il est échange aussi, mais ce que j'écris est intérieur. C'est un exercice sur moi-même, pas encore un échange. L'échange est interférence. L'autre interfère. Je préfère qu'il n'interfère qu'après, quand c'est écrit. Quand le sentiment ne peut plus être brouillé.