LA PECHE AU SAUMON, par Jeannette Haien
Editions Joelle Losfeld, 2002
Confession intime
Jeannette Haien n'est pas un "grand écrivain" ; elle "entrait en littérature" avec ce roman publié aux Editions Joelle Losfeld.
Femme de 66 ans partageant son temps entre New York et l'Irlande, Haien place son histoire dans ce second lieu. Le Père Declan s'y rend à la pêche au saumon ; mais l'essentiel du roman, même si le saumon encadre le récit, est une confession, longue et déchirante, reçue la veille par le prêtre alors qu'il veillait un mort dont la veuve devenait seule détentrice d'un secret jamais soupçonné. De ce secret qu'on ne révélera pas ici (mais il vient assez vite dans le roman) naît cette confession aux accents de vérité, qui insinue dans le coeur du prêtre des sentiments difficiles à contrôler. Entre devoir du sacerdoce et émotions de l'homme, le Père Declan essaie de comprendre ce qui, dans ce récit, ou cette rencontre, a produit en lui un tel mouvement d'émotion.
On peut se contenter de ce résumé ; évidemment, le plus important est dans les pages du roman, dans le récit de cette femme, cette veuve un peu particulière, cette histoire, aussi, qui pourrait se produire aujourd'hui aussi bien qu'hier, tant il est vrai que ses événements n'ont rien d'invraisemblable.
Pourtant on sent dans ce roman l'ingénue maladresse - ou est-ce simplicité voulue, recherchée ? - d'un "premier roman". Une naïveté qui suggère peut-être, après tout, l'innocence même des sentiments mis en jeu, et du personnage de la veuve, dont la vie a été gouvernée par cette innocence jamais perdue, en dépit des malheurs vécus.
La pêche au saumon, même si comme moi vous le trouvez parfois maladroit, trop "fleur bleue" ou trop convenu, se lit d'un seul trait, pour en capter l'émotion portée par des chapitres courts et vifs qui encadrent la confession centrale. TLP
