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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 23:03

LE DERNIER MOUSSE, par Francisco Coloane
Points, Seuil, P481

Simple comme un conte
Vous ne connaissez pas Coloane ? Eh bien moi non plus, jusqu'à ce que je me laisse tenter par un petit livre intitulé Le dernier mousse. Les livres de Coloane sont d'ailleurs en général courts : on lira ainsi (moi, je ne l'ai pas encore fait) aussi rapidement Tierra Del Fuego. Francisco Coloane est une sorte de Jack London latin ; il semble qu'il ait mené en partie la vie qu'il raconte dans ses romans de mer. Cela confère à ses pages un accent d'authenticité.

Mais, qu'on le sache ou non, Le dernier mousse s'apprécie en tant que tel ; ce pourrait être un roman d'aventures maritimes, un roman d'apprentissage plein d'événements rebondissants. C'est bien plus modeste que cela, et plus touchant aussi. Ce n'est pas un roman pour enfants, bien qu'il s'adresse aussi bien au jeune public qu'au plus vieux. C'est un apprentissage sans en avoir les lourdeurs ; l'histoire d'un jeune gars qui s'embarque, clandestin, à bord d'un navire faisant sa dernière traversée vers le Sud, vers le Cap Horn et la Terre de Feu. C'est un roman de découverte : car en même temps que le jeune héros découvre le métier, nous découvrons avec lui des endroits, des êtres et des trésors d'autant plus merveilleux qu'ils semblent vrais. Il suffirait d'embarquer...

La simplicité du style va de pair, justement, avec celle de l'évocation de ce voyage, autant qu'avec la légèreté de l'objet-livre. Entre longue nouvelle et roman court, Le dernier mousse vous tient du début à la fin sans vous retenir trop longtemps à l'écart du monde. Deux heures peut-être, durant lesquelles la prose de Coloane vous transporte dans un décor à la fois familier et exotique : exotique parce que lointain, mais familier parce que décrit avec précision. Une précision qui ne se veut pas documentaire pour autant : la poésie - dites l'onirisme si vous préférez, ou une sorte de "légèreté" qui confine à la féérie - n'est pas absente de ces pages où l'aventure du "héros" a la simplicité, l'évidence d'un conte.

Coloane, comme Le Clézio, comme Sepulveda, comme London, comme Hemingway aussi, compte parmi ces écrivains dont la lecture est un voyage. La littérature-monde, pour reprendre l'expression chère à Michel Le Bris, qui en a fait la raison d'être de son festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo.   TLP

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