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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 02:50

TOUT A L'EGO, par Tonino Benacquista
Folio, Gallimard, 2001

L'ego et les couleurs
Quelques nouvelles réunies dans Tout à l'ego.

On appelle ça une lecture intéressante. La première nouvelle s'intitule "La boîte noire" et commence par une idée insolite : un homme se réveille d'un coma de plusieurs heures, sans souvenir de ce qui l'a amené là, et discute avec son infirmière, qui lui remet bientôt un carnet de 48 pages contenant... les notes qu'elle a prises en l'écoutant parler dans son coma ! Ces notes, reflet de ses paroles donc de son inconscient, sont un accès direct à celui-ci, à ce que l'auteur appelle "la boîte noire" du personnage. D'abord réticent à plonger ainsi dans les bribes de son inconscient, le personnage ne résiste pas longtemps. Alors commence une obsession ; car en lisant ses propos il veut savoir à quel(s) événement(s) ils sont liés. D'où lui viennent ces paroles ? Que signifient-elles ? Qui est-il vraiment et quelle(s) vérité(s) se cachent derrière ces mots souvent incompréhensibles pour sa conscience ?

Les autres nouvelles ont toutes un rapport avec cette question : "Qui suis-je vraiment ?" Le sais-je ? Ai-je envie de le savoir ? Suis-je un homme qui se ment, s'ignore, (se) manipule ? Quels rapports m'unissent à autrui, ou me séparent de lui, d'elle ? Et quelques autres du même acabit.

La prose de Benacquista est vite prenante ; la brièveté de ses nouvelles (même la plus longue, "La pétition", se lit d'un seul trait) augmente le besoin d'aller "au bout", ainsi que la variété des prémisses et des situations. On plonge dans des réalités alternatives, invraisemblables, comme souvent chez Benacquista. On tique, parfois (l'histoire du magnétoscope, ouais, bon...), mais l'esprit de la nouvelle est bien là : la fin est surprenante, d'autant que l'auteur s'amuse à alterner happy ends inattendus et pirouettes basculant dans le drame alors même que tout semblait s'arranger. Ca grince, ça secoue, mais finalement ça accroche : on s'y laisse prendre et on ne regrette rien. (Tais-toi, Edith.)  TLP

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