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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 03:09

ECORCHE VIF, par Edmund White
10/18, domaine étranger, 2001

Fantasme attique
Ecrites à la première ou à la troisième personne, les nouvelles contenues dans Ecorché Vif ont été écrites dans les années 1980 ou 90. Entre l'adolescent qui vit sa "première expérience" sexuelle au Mexique, avec un pianiste de bar, le garçon qui fantasme sur son copain pendant une excursion en canoë et camping, le quadragénaire enrobé qui rencontre l'amour auprès d'un jeune Grec au cours de vacances en Méditerranée, etc., la plume de White retrouve à la fois les clichés de l'imaginaire gay et les préoccupations d'une époque située entre les Seventies finissantes et la fin des années 1980, c'est-à-dire les années sida, celles où le "fléau" s'abattit sur la communauté homosexuelle américaine avant d'élargir son horizon. Souvenirs d'une vie dissolue où le safe sex n'était qu'une expression, douleur de voir mourir ses amis les uns après les autres, expérience d'une nouvelle manière de vivre son homosexualité, témoignage aussi d'un changement de "profil" du "beau mec", des motards moustachus à la Village People au jeune et beau corps bodybuildé qui marque toujours notre conscience collective de la beauté - l'écriture de White est aussi pleine de notations sur les paysages, les moeurs, de portraits d'hommes qui tous, d'une façon ou d'une autre, se rattachent à l'homosexualité, autant que de femmes "pittoresques" qui marquent l'esprit, même si elles ne sont pas la préoccupation première de ces nouvelles (sic).

Bref, je vous conseille ces lectures, si vous avez du temps.

Quelques citations:

"Dans un monde où la plupart des gens considéraient les pédés soit comme des bêtes de sexe malades à qui il fallait couper les couilles, soit comme de pauvres clowms comme Liberace, il était extraordinaire que quelqu'un d'aussi populaire qu'Otis estimât qu'on devait leur accorder de la compassion ou leur reconnaître le droit d'exister." ("Pyrogravure")

"le caractère éphémère de la possession sexuelle était une des meilleures façons d'apprendre comment la vie vous coulait entre les doigts" ("En roue libre")

"Il disait qu'un jour je devrais écrire sur son cul, mais dans un style qui ne serait ni pornographique ni mièvre. Il voulait que je décrive son cul comme Francis Ponge décrit un savon :un catalogue de caractéristiques objectives, exhaustives, fantasques." ("Ecorché vif")

"je savais que je méritais moins mais que j'avais besoin de plus" ("Ecorché vif")

"Couché, les yeux ouverts, aux côtés d'un amant après l'autre, j'écumais, rêvant de quelqu'un qui m'apprécierait, qui me donnerait l'affection simple que je croyais désirer." ("Ecorché vif")

"Mark était si amoureux qu'il débandait sans cesse." (sic) ("Les palais et les jours")

etc. etc.  TLP

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